0715_delauneDe nombreux stades et terrains de sport perpétuent sa mémoire. Les sportifs et les publics qui s’y rendent aujourd’hui savent-ils qui il était ?

Né le 26 septembre 1908 en Seine-Maritime (on disait alors Seine-Inférieure), à Graville-Sainte-Honorine (rattachée à la ville du Havre depuis), Auguste Delaune est issu d’une famille ouvrière. À 14 ans, il est apprenti soudeur. Il adhère au Syndicat des métaux de la CGTU du Havre et participe, dans cette ville, à la grande grève de la métallurgie en 1922.
Il aime le sport, la course à pied entre autres, dans laquelle il excelle et, en 1923, fait partie d’un club sportif ouvrier du Havre auprès duquel il prend des responsabilités au sein de la Fédération Sportive du Travail (FST). Il adhère également aux Jeunesses communistes. Sa famille et lui-même, trop marqués par leur engagement politique, ne trouvent plus d’emploi et décident de quitter la région havraise en 1926 ; ils s’installent en région parisienne, à Saint-Denis. Auguste Delaune, le sportif, participe à la constitution de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT) dont il devient secrétaire général.
Arrive 1939 : il est successivement mobilisé, évacué de la « Poche de Dunkerque » puis démobilisé le 31 août 1940. Compte tenu des évènements, il entre dans la clandestinité.
Arrêté le 6 décembre 1940, il est interné au camp d’Aincourt, à la Centrale de Poissy, puis au camp de Choisel à Châteaubriant où, pour entretenir la forme et le moral de ses copains, il organise des séances de gymnastique destinées, aussi, à aguerrir les corps et les esprits de ses camarades Résistants en vue des combats à venir.
À Châteaubriant, suite à la fusillade du 22 octobre 1941, il participe à l’appel aux Morts fait par les internés restés au camp en hommage aux vingt-sept fusillés de la Sablière. Un mois plus tard, le 21 novembre, il s’évade de Choisel en même temps qu’Henri Gautier, mon père, et Pierre Gaudin. Il reprend sa place dans la Résistance et devient l’un des responsables régionaux du Parti communiste clandestin, il dirige la région Picardie, puis la Normandie et la Bretagne.
Le 27 juillet 1943, lors d’un rendez-vous clandestin, il est arrêté au Mans par la police française. Blessé, il est remis à la Gestapo de la ville : il meurt sous la torture, le 12 septembre 1943. Il avait 35 ans. Il était marié et père d’un jeune fils.
Quel exemple il nous a laissé ! Comme beaucoup de Résistants, en toute conscience il a donné sa vie dans l’espoir que la nôtre serait plus heureuse. Il avait compris que, pour les ouvriers, le sport est nécessaire tant pour la détente et le plaisir qu’il apporte que pour les amitiés qu’il fait naître et entretient. Ne l’oublions pas.

Michèle Gautier

Cet hommage doit beaucoup au livre de
P. Outterick et P. Martinez : Jean-Pierre Timbaud, Métallo et Résistant paru en 2014 aux Éditions du Geai Bleu, 166 avenue de Bretagne, 59 000 Lille.