Le Ruchard, 2016

Camp du Ruchard – 1er octobre 2016

L’hommage annuel devant la stèle élevée dans le camp militaire du Ruchard aux Fusillés de Touraine s’est déroulé en présence des autorités civiles et militaires, de soixante drapeaux, d’environ 300 participants et surtout avec le concours de 12 élèves d’un CM1 de l’école publique de Villaine-les-Rochers, village voisin où furent inhumés en 1942 plusieurs des fusillés au camp. La présence des enfants – une première que nous espérions depuis longtemps – et leur lecture à voix alternées de trois textes poétiques autour de la Résistance et de la Déportation ont retenu l’attention d’un public dont l’émotion était palpable. Avant la cérémonie à la stèle,  des responsables du camp avaient accueilli et accompagné  la délégation des familles des martyrs jusqu’à  la « tranchée des fusillés » (dans l’enceinte du camp) pour un silencieux hommage et un dépôt de gerbe sur le lieu même des fusillades.

Crouzilles – 25 octobre 2016

Nous étions présents à l’enterrement de Pierre Picarda, résistant de la première heure,  membre du maquis de Scevolles puis  F.F.I. Il fut à l’origine de l’érection de la stèle du camp du Ruchard. Membre actif de notre association, par ses témoignages, il voulait que les générations d’aujourd’hui sachent ce que fut la résistance à l’occupant, le prix du sang et de la liberté.

H. B.


Le Ruchard, 2014

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À quelques kilomètres au sud d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), en bordure de la route forestière D132, s’élève un monument du souvenir. Chaque premier samedi d’octobre, le « Comité de la stèle du camp du Ruchard – Mémoire des Fusillés et Massacrés de Touraine » appelle à y commémorer le martyre des résistants fusillés par les nazis. Nous y étions en délégation avec gerbe et drapeau.
Herbu, malaisé, un sentier de terre s’enfonce dans la lande du champ de tir du camp militaire du Ruchard. Une douzaine de personnes y cheminent, les seules autorisées ce jour-là à mettre leurs pas dans ceux des leurs, fusillés en 1942 au fond d’une tranchée dissimulée dans une clairière. Précédés des drapeaux de la Fédération départementale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (ADIRP-37) et de notre association, le groupe avance en silence dans cette « tranchée des Fusillés » et prend place devant le panneau apposé sur le lieu du martyre des résistants fusillés, accessible uniquement lors de cérémonies officielles : « En ce lieu, sous l’occupation nazie, des résistants patriotes ont été fusillés. Souvenez-vous ». Des gerbes sont déposées, toujours en silence. Les drapeaux s’inclinent. La minute de recueillement se prolonge. Chacune et chacun pense à celui de sa famille qui s’est tenu là, voici 70 ans, parmi ses camarades de combat et face au peloton d’exécution. L’émotion est sensible. Toujours dans un silence absolu, le groupe prend le chemin du retour vers le soleil et la vie, vers les « autres » venus rendre leur hommage en dehors de l’enceinte militaire.
300 personnes attendent devant la stèle commémorative que 56 drapeaux entourent d’une haie d’honneur. À 14h30, la cérémonie commence. L’appel des noms des 15 fusillés du Ruchard est suivi de ceux des 10 déportés du 6 juillet et de 13 autres fusillés d’origine tourangelle abattus en 1942 à Fontevraud-l’Abbaye (Maine-et-Loire), Saint-Roch (Indre-et-Loire) et Suresnes-Mont-Valérien (Hauts-de-Seine).
Comme le 70e anniversaire de la Libération du territoire national est commémoré cette année, sont rappelées les exactions – expression de la barbarie nazie – perpétrées en 1944 à l’encontre de victimes tourangelles : 33 résistants fusillés, 446 déportés (dont 24 gendarmes du Lochois, arrêtés le 28 juillet 1944 et tous morts en déportation), 61 maquisards tombés au combat, sans oublier les civils massacrés, tels les 124 de Maillé le 25 août 1944.
Jean Soury, ancien résistant, président de l’ANACR d’Indre-et-Loire, prononce l’allocution d’hommage. Il rappelle l’engagement et les espoirs de tous ces disparus ; il souligne combien il est de notre devoir de leur rester fidèles, par nos actions, en veillant à la sauvegarde de l’idéal pour lequel ils ont combattu, idéal qu’illustre si bien le Programme du Conseil national de la Résistance mis en œuvre sitôt la paix revenue…
Les valeurs que défendaient nos aînés sont toujours actuelles.
Hélène Biéret


Le Ruchard, 2013

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En ce samedi 5 octobre, par une journée ensoleillée, se déroule la cérémonie traditionnelle organisée à la stèle du Camp du Ruchard. Sous la conduite de notre secrétaire, J-M Pialeport, la mémoire de nos Fusillés de Touraine est rappelée devant de nombreuses personnalités, 50 porte-drapeaux représentant différentes associations d’Anciens Combattants des villages voisins et plus de 200 personnes émues par l’ambiance et le déroulement de la cérémonie.
L’Harmonie de la Fuye (quartier Velpeau de Tours) rythmait la cérémonie : couleurs hissées au son
de La Marseillaise et du Chant des Partisans.
L’allocution a été prononcée par André Maillet, fils de Bernard Maillet, déporté à Buchenwald. Il a rendu hommage à tous les Résistants et exprimé son soutien à leurs familles qui ont souffert et souffrent encore aujourd’hui de la disparition de leurs proches. Il invite chacune et chacun à se remémorer l’histoire de la France afin d’y retrouver les fondements de l’esprit de la Résistance. Aux tenants de l’oubli (supposé apaiser les regards portés vers l’avenir), il offre une citation emprunte de bon sens : « Celui qui ferme les yeux devant le passé, devient aveugle pour le présent ». Pour le souvenir, pour la mémoire, nous serons là de nouveau l’an prochain.
A l’issue de la cérémonie, nous nous rendons à la salle des fêtes d’Avons-les-Roches où le verre de l’amitié est offert par la municipalité. La présidente du Comité de la stèle du Ruchard y attendait les personnalités venues participer à cette cérémonie honorant les Fusillés de Touraine. Elle leur remit des livres traitant des évènements de la Résistance.
Hubert Deroche


Le Camp du Ruchard, son histoire

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Au lendemain de la guerre de 1870, dans le département de l’Indre-et-Loire, sur un plateau de bruyères et de landes partiellement cerné par la forêt domaniale de Chinon, l’Etat installe des casernements militaires et une école de tir. Le camp du Ruchard s’étend entre les cours de la Loire et de l’Indre. En 1914, un régiment de tirailleurs y prend place ainsi qu’un hôpital militaire belge. Entre les deux guerres, le camp est modernisé, l’armée se motorise (présence de chars de combat).
En septembre 1939, le Ruchard devient un camp d’internement pour « ressortissants des puissances ennemies » et…bataillon disciplinaire. Le 21 juin 1940, le pont de Chinon tombe aux mains des Allemands. Le camp est évacué. Vers le milieu du mois d’août, une division d’infanterie allemande s’y installe et occupe, en plus du camp, une partie des forêts de Chinon et de Crissay.
On y interne (collaboration oblige !) des prisonniers français et alliés dont beaucoup d’Africains Noirs et de Maghrébins. Un groupe s’évade après avoir creusé un tunnel sous les barbelés ; certains sont repris, trois sont cachés par Pierre Picarda (agent de liaison de la Résistance) qui réussit à les faire passer en zone libre. Sous le nom de Poupineau, Picarda entrera plus tard au maquis de Scévolles (départements d’Indre-et-Loire, Vienne et Maine-et-Loire).
Des réseaux et mouvements s’organisent en Touraine, constituant la Résistance. Aux manifestations, sabotages et attentats répond une impitoyable répression : arrestations, prises d’otages, déportation… Le camp du Ruchard devient lieu de massacres. Le 16 mai 1942, 5 jeunes communistes tourangeaux, arrêtés par la police de Vichy pour distribution de tracts et inscriptions sur les murs, ainsi que 3 otages y sont abattus. Ce sont les premiers Fusillés de Touraine. Le 27 octobre 1942, neuf autres détenus du camp, désignés comme otages, sont fusillés en un lieu dit depuis « Tranchée des Fusillés » et uniquement accessible lors des cérémonies officielles.
Non loin, près de la route, dédiée à la mémoire des Fusillés du camp, une stèle fut érigée dès la fin de la guerre. Le cimetière de St-Pierre-des-Corps l’a recueillie lorsque l’édifice actuel, financé par souscription publique, a été inauguré en 1982 à l’initiative d’un comité départemental dont notre association fait partie.
Chaque année, en hommage aux Fusillés du Ruchard et à l’ensemble des Tourangelles et Tourangeaux victimes du nazisme en Indre-et-Loire, une cérémonie est organisée par le Comité de la stèle, le premier samedi d’octobre, en présence des autorités civiles et militaires, de parlementaires et de maires du département.
Le 70ème anniversaire des Fusillades de 1942 a revêtu, cette année, une gravité particulière : devant 63 drapeaux et plus de 300 personnes, notre président a fait revivre l’engagement de ces martyrs de la Résistance. Les familles ont pu ensuite se recueillir à la « Tranchée des Fusillés », très conscientes d’exprimer par leur présence la haute valeur symbolique de ce lieu de mémoire.
Hélène Biéret


Cérémonie du camp du Ruchard – 2011

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Le 1er octobre, en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires, comme tous les premiers samedis d’octobre, au camp militaire du Ruchard, plus de deux cents personnes se sont recueillies devant la stèle consacrée aux premiers Résistants tourangeaux fusillés dans ce camp. Après le discours d’hommage prononcé par le président de l’ANACR de Touraine, les participants ont gagné la clairière et déposé des gerbes sur le lieu précis des fusillades du samedi 16 mai 1942. Les cinq Résistants honorés avaient entre 22 et 27 ans.
H.B