Valréas, 12 juin 2014

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Nous nous souviendrons à Valréas de ce 12 juin 2014, nous nous souviendrons de ceux qui ont osés par manque de respect déposer une gerbe qui en a fait une polémique politique. Nous refusons que ce 12 juin 1944 serve à se positionner politiquement devant ce Mur des fusillés où 53 personnes se trouvaient toutes alignées pour y mourir atrocement pour notre liberté sans aucune distinction d’appartenance politique ou religieuse.

Allocution de Michel REBOUL devant le Mur des Fusillés le 12 juin 2014

Monsieur le Directeur de l’Office National des Anciens Combattants, représentant le Préfet Monsieur le Maire de Valréas Mesdames et Messieurs , chers enfants
70 ans se sont écoulés depuis cette horrible journée. 70 ans déjà… 70 ans pas plus…
70 ans sont passés depuis cet ultime sacrifice . On pleurait le 12 juin 1944, avec la fierté dans l’âme, car on espérait que le don de vôtre vie rendrait la nôtre plus belle et plus heureuse.(…) 12 juin 1944 , un bruit assourdissant fige Valréas, la sirène retentit, c’est l’étonnement avant la peur. Deux jours après le massacre du village d’Oradour/Glane, Valréas risque les mêmes représailles.
Le Maire Jules NIEL, destitué mais ceint de son écharpe s’interpose devant l’Officier allemand qui l’informe que la ville va être détruite. Rassemblée sur la place de la Mairie la population est transite de peur, les enfants sont aussi présents et ici 70 ans après, parmi nous, ils en sont les ultimes témoins. Encerclée par des auto- mitrailleuses et chars braqués sur la foule, du haut du kiosque, un officier allemand harangue la foule, phrases traduites en bon français par un soldat portant l’uniforme allemand. Pendant ce temps là, la horde sanguinaire, poursuit son horrible mission d’abattre sans sommation tout ce qui bouge, dans la campagne, dans la ville.
Encerclée par des troupes allemandes. Seul contre une armée aguerrie un groupe de résistants est encore présent sur la route de Baume, les ordres d’un repli ne lui parvenant pas, il sera fait prisonnier.(…)
A ce moment, il est 18 heures, il fait très chaud, comme aujourd’hui, alors commence à nouveau la longue marche funeste vers le lieu de leur supplice, emplacement choisi avec préméditation, puisqu’il se trouve bien en vue du monument aux Morts de la Guerre de 14/18 et à proximité du Quartier général des troupes allemandes l’Hôtel Tomassin.
Alignés face contre le Mur, ne pouvant fixer leurs bourreaux dans les yeux loin d’être un peloton d’exécution qui s’installe derrières les condamnés, mais des exécuteurs qui prennent le temps. Alors on entend des détonations et l’ont voit tomber quatre corps, entre temps, les bourreaux vont se désaltérer et se laver les mains, comme pour faire durer le supplice, quelques uns rient cyniquement, décrit Edmond LAMY dans le premier fascicule de cette fusillade édité en 1946.Prenant leur temps ces soldats d’une armée régulière, celle qui a semé tant de massacre dans le Sud-Est de la France, n’auront aucune pitié et qui sait par la suite aucun remords !
Gisant au sol, les victimes , dont leur sang ne fait qu’un. François avait 18 ans, Fernand 21 ans, le 12 juin 1944 . Cette lettre postée le jour même par les frères DEVES à La Baume de Transit (Drôme), à un ami, Maire de They sur Vaudémont, Meurthe et Moselle, avait dans son contenu une prémonition des actes qui allaient s’avérer fatals .
« Aujourd’hui et pour la première fois et pour des raisons, c’est pour mon frère et moi le grand jour. Tout à l’heure nous serons casés (…) à bientôt de vous voir si encore en vie . En cas de décès vous serez avisés. ».L’autorité allemande donne l’ordre formel de ne pas les toucher. Ils sont là exposés comme une nature funeste d’une idéologie haineuse.
Avec l’aide de la Croix rouge ; des pompiers et volontaires défiant les ordres, avec un courage magnifique porteront secours aux cinq rescapés, dont l’un d’eux ne survivra pas à ses blessures. Remplacés de nuit par des morts de la campagne. Détachés, attachés, maculés de sang pour les rendre semblables aux autres, c’est une horrible scène, une vision d’enfer, que ces sauveteurs ont le courage d’accomplir. Ils veilleront jusqu’au matin devant ce mur.
Le lendemain 53 corps, 27 résistants et 26 otages civils , furent transportés à la Chapelle des Pénitents Blancs , transformée en chapelle ardente, les familles vinrent reconnaître les leurs. Voilà l’horrible journée de ce 12 juin 1944, où nombre de familles de fusillés ici parmi nous ainsi que des Valréassiens présents ce jour tragique ne peuvent oublier .
Ne faisons pas de ce 12 juin 1944 le notre , mais celui de toutes les familles de fusillés, résistants et civils , et nous générations d’après faisons en sorte de ne pas oublier et de nous interposer aux mensonges grandissant , et aux propos xénophobes, homophobes d’une certaine voix cynique.
Plus le mensonge est gros, plus le peuple le croira », affirmait Hitler. Il ne faisait qu’amplifier ce que Voltaire disait: « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose »
Alors si on laisse dire, on laissera faire !


Résumé sur les évènements du 12 juin 1944 à Valréas

Au 6 juin 1944 les Alliés débarquèrent en Normandie. De Londres arriva l’ordre d’un soulèvement général en France. Deux jours après, un groupe de résistants entra dans Valréas. Le but principal de l’occupation de Valréas et d’autres lieux de la vallée du Rhône était de couvrir la mobilisation générale et le soulèvement général dans la zone Est montagneuse du département en créant un point de fixation pour les forces d’occupation.
Le chef régional de l’armée secrète (AS) le commandant « Alain » (Pierre Reynaud) délégua le commandement militaire sur Valréas au lieutenant « Georges » (Pierre Rigaud). L’autorité civile était exercée par Marius Gras et Louis Clarice, responsable de l’AS pour Valréas et environ. Une rivalité existait entre les forces Gaullistes, l’AS et la résistance communiste FTPF.
Les résistants prirent possession de la poste, la mairie et s’emparèrent des armes de la gendarmerie. Les lignes téléphoniques furent coupées, les collaborateurs et les miliciens, arrêtés. Des barricades furent dressées autour de Valréas en vue de résister. Dans un élan général, beaucoup de jeunes gens de Valréas, se joignent aux résistants.
La possibilité d’un repli en cas d’attaque allemande fut envisagée. Mais « Roger » (André Chaiffre) lieutenant de la FTPF, se prononce contre l’idée d’un repli et veut engager le combat avec son groupe. Au 12 juin, les Allemands attaquent et un ordre de repli est donné aux groupes de résistants. Cet ordre de repli n’est jamais parvenu aux deux groupes des FTPF, installées à la barricade de la route de Baume. Les ancien résistants expliquent ce fait que l’agent de la Gestapo Roger Ferrant, qui s’était infiltré les rangs de la résistance à Valréas, avait détourné l’ordre de repli. Une autre explication: Peut-être ces deux groupes ont été tout simplement oublié suite à la confusion régnant au poste de commandement lors de l’attaque allemande.
Valréas était un obstacle pour les forces allemandes. Pour remonter de la Provence vers la Normandie, elles devaient éviter la nationale le long du Rhône continuellement bombardée. De ce fait l’ordre de nettoyage de Valréas a été donné au groupe de combat « Unger .
• Le noyau de ce groupe de combat se composait de 3 compagnies du 2eme bataillon du 10eme régiment de Panzergrenadiers de la 9me Panzerdivision. En tout, 13 officiers, 166 sous-officiers et 653 soldats. Parmi eux se trouvait le soldat Emil Bauer de la 7eme compagnie. La 9eme Panzerdivision stationnait pour repos en France du sud de mai à juillet 1944 suite à de sévères pertes sur le front russe. Pour l’attaque de Valréas le groupe de combat « Unger » fut appuyé par :
• Une compagnie de vehicules blindés composée de 32 chars et deux chars de reconnaissance appartenant à la 9eme section de reconnaissance de la 9me Panzerdivision, sous le commandement du capitaine Gerhard Blank.
• Un groupe de la 8me compagnie (légionnaires) du 3eme régiment de la division Branden-burg avec les interprètes nécessaires aux interrogatoires. Groupe placé sous le commandement du chef de compagnie le commandant Träger et le chef de groupe le lieutenant Demetrio, entre 25 et 30 hommes en somme. Les noms de 9 de ces hommes qui se trou-vaient à Valréas le 12 juin 1944 sont connus.
• Des Feldgendarmes de Montélimar accompagnés de 250 jeunes gens du service des travailleurs du Reich également stationnés à Montélimar. On confie au groupe de mitrailleuse lourde du soldat Emil Bauer un détachement de ces jeunes fanatiques qui ont moins de 20 ans.
• Une section, cent hommes environ, du 200eme régiment de sécurité stationné à Livron, sous le commandement d’un lieutenant. Ce régiment appartenait à l’escadrille de combat 200, une unité spéciale de la Luftwaffe. Pour combattre les résistants du Vercors elle avait organisé le parachutage spécial le 21.07.1944 à Vassieux. Dans la marche d’approche vers Valréas, à Taulignan eurent lieu les premiers incidents impliquant le groupe d’Emil Bauer. Avec comme conséquence, 13 tués parmi les résistants et les civils plus 5 prisonniers fusillés ultérieurement.
En fin de matinée du 12 juin, Valréas était encerclée. Mais la plus grande part des résistants avait pu fuir. Une partie des résistants ensemble avec les personnels des cantines, des bureaux et des gendarmes voulait fuir avec un convoi de plusieurs camions en direction de Nyons. Paul Mège partit en reconnaissance de la route en moto. A mi-chemin, à Novezan, le chemin de retraite était déjà barré par le groupe d’Emil Bauer. Paul Mège fut blessé mais ré-ussi à prévenir le convoi. Les gens voulurent s’enfuir à pieds mais la 9eme section de reconnaissance blindée sous la responsabilité du lieutenant Scheible en fit environ 20 prisonniers. Ces prisonniers ont été rassemblés à Valréas au Portalon devant la maison Autajon (5 cours Tivoli, où se trouve actuellement une plaque commémorative). Puis ils devaient se rendre à l’hôtel Thomasson (aujourd’hui Grand Hôtel), quartier général allemand pour s’aligner le long du mur d’en face.
Quand le barrage défensif sur la route de Baume se leva sans ordre de repli il était trop tard. 15 résistants en voulant traverser la route d’Orange furent cernés et se rendirent, parmi eux Joseph Coutton et Emile Bouchet. Le lieutenant allemand Demetrio, jugé plus tard par la justice militaire à Marseille, y avait participé. Encordés les uns aux autres, les prisonniers de-vaient parcourir 2 km à pieds pour rejoindre les autres prisonniers en face de l’hôtel Thomasson.
Selon le témoignage de madame Jeanine Talmon, les prisonniers furent rapidement interrogés devant l’Hôtel.
Le maire Jules Niel, avec véhémence, insiste auprès de l’autorité allemande pour échanger sa vie contre les prisonniers. Il a pu sauver deux prisonniers civils, mais pas le troisième déclaré innocent par lui, parce qu’arrêté avec un revolver à la main. Ensuite l’autorité allemande le major Unger ne voulut plus discuter.
Qui donc par la suite a donné l’ordre d’exécution ? Cette question fut capitale lors du procès militaire en 1951 à Marseille et resta sans réponse. Le major Unger se trouvait dans l’Hôtel un court instant quand l’ordre d’exécution a été donné. Lorsqu’il en sortit, 6 à 8 exécutés se trouvaient déjà par terre.
D’après le témoignage du Oberleutnant Blank de la 9me section de reconnaissance blindée, l’ordre d’exécution fut donné par un commandant fanati-que du SD, car son chauffeur avait été blessé à l’approche de Valréas. On a soupçonné le commandant Wilhelm Hentsch responsable de la Feldgendarmerie d’Avignon. Il s’est défendu en précisant qu’en tant qu’officier de police on l’informait toujours après l’action militaire et que de plus il n’était pas à Valréas ce jour là. Le lieutenant Demetrio fut également soupçonné mais il put démontrer que sept ou huit morts se trouvaient par terre lorsqu’il arriva sur le lieu d’exécution après avoir mené les interrogatoires à la mairie.
D’après les témoignages lors de l’instruction (surtout celui du maire Niel) le major Unger n’a pas donné l’ordre d’exécution. On peut supposer que sa demande ultérieure de mutation résulte du fait que son prestige avait été écorné parce que l’ordre d’exécution de Valréas avait été donné par un officier subalterne.
En tout il y a eu 53 morts à déplorer, dont 10 personnes pendant l’attaque sur Valréas. Quatre personnes ont survécu à l’exécution, Emile Bouchet, Joseph Coutton, Auguste Mary et Gratien Soureillat. Un cinquième, Alfred Buey, est mort à l’hôpital des suites de ses blessures.
Ainsi 47 personnes se trouvaient devant le peloton d’exécution. Parmi les 53 morts, 27 venaient de la résistance et les 26 autres étaient des otages civils.


Valréas, 12 juin 2013

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Chaque 12 juin, à Valréas, la sirène municipale appelle la population à se rendre au « Mur des Fusillés » pour l’hommage aux 53 victimes du massacre perpétré à la même date voici aujourd’hui soixante-neuf ans : 32 chars – 1200 hommes en armes – une unité de la Luftwaffe accompagnée d’éléments de la Feldgendarmerie investissent la cité. On terrorise en tirant au hasard. Ordre est donné de rassembler sur la place de la mairie les habitants extirpés de chez eux.
Route d’Orange, une poignée de Résistants tente de s’interposer. Il y a des morts. Submergés, 27 combattants sont désarmés et regroupés avec 26 otages civils en un carrefour qui deviendra le « Rond-point du 12 juin 1944 ». Plus loin, on les assassine tous, là où depuis s’élève le Mur des Fusillés portant les noms des 53 Martyres.
Cette année, les différentes cérémonies commencèrent à 9h par un service religieux en la chapelle des Pénitents Blancs où, en 1944, une responsable de la Croix-Rouge obtint de rassembler, avec l’aide d’une infirmière et de quelques pompiers, 57 corps déchiquetés. 5 respiraient encore, 4 survivront.
11 heures : une délégation se rendit de Valréas à Taulignan, distant de 7 km où, le même jour, 7 Résistants tombèrent au combat, tandis que 6 étaient massacrés sur place et 5 autres, acheminés vers le fort de Montluc en vue d’interrogatoires, fusillés quelques jours plus tard.
16 heures : recueillement à la stèle de la Romezière.
17 heures : sur le Rond-point du 12 juin, inauguration de deux bas-reliefs en hommage aux Résistants et Otages fusillés. Ces sculptures ont été réalisées par deux apprentis tailleurs de pierre des « Ateliers de l’Enclave des Papes », conservatoire de formation aux métiers d’art installé à Valréas (*).
18 heures : regroupement au Portalon (Hôpital) et départ en cortège vers le Mur des Fusillés. Michel Reboul y prit la parole au nom de l’Association des Familles, affirmant avec vigueur la nécessité d’un profond travail de mémoire et d’éducation : « Nous sommes là pour nous opposer au négationnisme, à la xénophobie, au racisme. Nous sommes là contre le révisionnisme, contre les allégations mensongères… Nous sommes là contre l’oubli… pour nous opposer aux dérives actuelles de groupes nauséabonds… »
53 bougies avaient été disposées par des enfants le long du Mur des Fusillés. Leurs flammes vibraient dans le jour finissant lorsque les quelques 350 personnes venues se recueillir quittèrent les lieux.
JC

(*) A l’heure de cette inauguration, nul ne pouvait imaginer que ces deux œuvres allaient être profanées au cours de la nuit de la Saint-Jean du 24 juin : de nombreuses souillures noires faisant penser à des traces de chaussures se voyaient le lendemain matin sur les sujets sculptés. Provocation, abus d’alcool, bêtise et ignorance menant à l’incivilité ? Nous ne pouvons que nous indigner et poursuivre le combat contre l’oubli dont parla Michel Reboul en fin de journée.

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Valréas, 12 juin 2006

Intervention de Claudius Vard, Résistant, lors de la cérémonie du 29 janvier 2006. Devant la Plaque des 3 résistants tués par les nazis, rue Pasteur à Valréas (Vse) le 29 janvier 1944.

Les années passent, les souvenirs restent intacts. Le 29 janvier 1944, trois jeunes français, dont les noms sont inscrits sur cette plaque, étaient assassinés par l’occupant allemand. Ces trois jeunes n’avaient commis aucun crime, seulement refusé obéissance aux ordres de Vichy : partir travailler en Allemagne, et là dans cette rue, sans sommation ils étaient tirés comme des lapins. La logique de cette guerre non déclarée, s’étalait dans toute son horreur : tirer le premier, tuer pour ne pas risquer d’être tué… Pendant ces années de Résistance, des centaines de milliers d’autres jeunes, ou moins jeunes, étaient les victimes de cette pratique expansionniste des nazis. Et cependant, le 8 mai 1945, avec l’effort conjugué des forces alliées et de la Résistance intérieure, c’était la reddition sans condition de ces mêmes nazis, la fin d’Hitler et sa clique.
Pour autant, les menaces, la haine, l’intolérance, la soif de revanche de ces idéologues d’extrême droite, reste un réel danger pour notre civilisation. A chacune de nos rencontres avec la jeune génération, si nous évoquons cette dramatique période, les raisons qui nous ont poussé à agir ainsi ; nous encourageons nos jeunes interlocuteurs à discerner le bien du mal, à accepter les différences et diversités qui nous entourent. Nous disons haut et fort, ce n’est pas par la répression tout azimut, la matraque avant le dialogue, la menace d’employer telle ou telle autre arme que nous gagnerons la Paix dans le monde. La violence n’ouvre la porte qu’à plus de violence. Faisons nôtre, cette vérité : un homme en vaut un autre, peu importe la couleur de sa peau, sa nationalité, sa langue où sa religion. Le monde actuel a besoin de plus de générosité, de solidarité, de plus de partage, alors que nous voyons trop d’hypocrisie et d’égoïsme.
Au-delà de ces moments de recueillement, ici ou ailleurs, notre responsabilité pour le présent et l’avenir, reste entière. Allons nous laisser à nos générations futures, la France dont avaient rêvé, ceux dont nous honorons la mémoire. Aujourd’hui, oui notre responsabilité est grande face à cette inquiétante interrogation.


60 ème ANNIVERSAIRE DE LA TRAGÉDIE DU 12 JUIN 1944 À VALRÉAS

60ème anniversaire du Massacre du 12 juin 1944 à Valréas (Vse) 53 Fusillés, otages civils et résistants. 4 rescapés (décédés aujourd’hui).
Cette année nous fêterons le 60ème anniversaire du massacre du 12 juin 1944. 60 ans c’est loin, c’est du passé. Non nous ne pouvons tourner la page, aujourd’hui et encore moins demain. L’actualité nous démontre que les guerres sont toujours omniprésentes et que l’homme ne peut vivre sans guerre. Sa mémoire est courte, son désir de Paix est loin. Des hommes veulent conquérir le monde en voulant faire admettre qu’ils apportent la Paix. Dans leur jeu de guerre absurde, c’est le civil, l’homme, la femme et l’enfant qui meurent sans comprendre.
C’est pourquoi aujourd’hui malgré 60 ans passés, nous devons poursuivre notre devoir de Mémoire, mais aussi nous devons nous enquérir de nous interposer à toutes ces guerres idéologiquement abjectes.
Depuis la fin de l’année 2002 et jusqu’à la fin août 2003, Joseph COUTTON avait des correspondances avec Monsieur Karl HEIDINGER, qui fait parti de la Société d’études et de recherches historiques de Sachsenheim en Allemagne, ville jumelée avec Valréas. Nous ne nous aventurerons pas sur la façon dont ce jumelage a été mis en évidence sans l’aval des anciens résistants et des familles de fusillés, déportés et internés.Il est vrai qu’à Valréas, nous avons l’habitude des coups de forces de la Municipalité MARIANI. Les diverses correspondances et entretiens téléphoniques voir une réunion à son domicile avec cette personne ont été le sujet de la publication d’un livre sur le 12 Juin 1944 à Valréas et les interventions des troupes allemandes. Après divers échanges et modifications de textes, Joseph COUTTON avait affirmé que ce livre pouvait être publié en Allemagne afin que les générations de ce pays sachent exactement ce qui s’était passé à Valréas et dans sa région ce qui expliquerait notre refus à ce jumelage, que nombre d’habitant de Sachsenheim et même les journalistes ne comprenaient pas n’étant nullement informer de cette tragédie. La Municipalité de Valréas avait accordé ce Jumelage, sans pour autant mettre en évidence cette journée du 12 juin 1944. Une Union de deux villes dans le meilleur mais sans le pire.
Après avoir pris la succession de Joseph dans les correspondances avec Karl HEIDINGER, et pris connaissance du contenu de ce manuscrit, il me semble que nous ne pouvons que donner notre aval pour la parution de ce livre, une information capitale pour les générations allemandes, qui ont un devoir de savoir. Sans pour autant que ce livre fasse l’objet d’une quelconque manipulation quelqu’elle soit, cette publication se doit d’être un acte d’encouragement pour les générations actuelles et futures et, surtout qu’elle rends hommage au dernier des rescapés Joseph COUTTON, qui s’est battu pour que vive le souvenir de cette journée du 12 Juin 1944.
Michel Reboul