Stand de tir de Balard – 2014

ANF_BALARD_2014_7Une cérémonie très sobre s’est déroulée le 24 octobre 2014 devant la plaque mémorielle rendant hommage aux Fusillés du stand de tir de Balard à Paris. En effet, son emplacement provisoire le long de la sortie du boulevard périphérique ne permet pas d’accueillir de nombreuses personnes. En présence de Catherine Vieu-Charier, ajointe au Maire de Paris, et de Philippe Goujon, député-maire du 15e arrondissement, une trentaine de personnes ont assisté aux dépôts de gerbes puis à l’exécution du Chant des Partisans et de La Marseillaise.
En 2015, si les travaux de construction du nouveau Ministère de la Défense sont terminés, la cérémonie retrouvera son ampleur normale car la plaque du souvenir sera à nouveau installée dans un endroit ouvert au plus grand nombre.


Stand de tir de Balard – 2013

La stèle commémorant la mémoire des Fusillés du stand de tir de la place Balard, à Paris-15e, est actuellement placée dans un lieu peu propice aux cérémonies. Située à la sortie du boulevard périphérique, il est impossible d’y réunir un grand nombre de personnes, pour des raisons de sécurité. Toutefois, la Ville de Paris et l’Association pour le Souvenir des Fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile-de-France, organisateurs d’un hommage annuel, ont souhaité conserver cet événement pendant la période transitoire des travaux en cours. Lorsque la construction du nouveau Ministère de la Défense sera terminée, la stèle deviendra à nouveau accessible à un large public.
Le 25 octobre 2013, en présence d’élus parisiens et de représentants d’associations de mémoire, s’est déroulée dans le recueillement une brève cérémonie, avec dépôt de gerbes, « Chant des Partisans » et « Marseillaise ». Nous étions présents, comme chaque année.


Stand de tir de Balard, 25 octobre 2012

PANNEAU_BALARD_1Cette année, la cérémonie fut très simple et en comité restreint car l’emplacement provisoire de la plaque du souvenir, trop exigu, ne permettait pas de recevoir grand monde. Temporairement, pour toute la durée de la construction du Ministère de la Défense, la plaque mémorielle a été déplacée et installée à la sortie du boulevard périphérique. Ce lieu n’est pas propice à l’organisation de grandes cérémonies.
Toutefois la Mairie de Paris et l’Association pour le Souvenir des Fusillés du Mont-Valérien et de l’Île-de-France ont tenu à ce que la cérémonie se déroule comme tous les ans, que le site soit fleuri et que la mémoire soit dignement honorée, afin de montrer que nous n’oublions pas les Résistants martyrisés et massacrés, non loin de ces lieux. La simplicité n’a pas nui au recueillement.
En 2013, le ministère de la Défense ne sera pas terminé, le même type de déroulement sera donc reconduit.


Stand de tir de Balard, 25 octobre 2010

A l’occasion de l’installation d’un « panneau-mémoire » RATP dans la nouvelle station (« avenue de la porte de Sèvre ») du tramway T2 (la Défense – Porte de Versaille), L’ANFFMRFA a obtenu de rendre hommage aux Résistants fusillés entre 1942 et 1944 par les nazis dans l’ancien Stand de tir qui s’élevait à proximité.
Près de 150 martyrs ont pu y être identifiés, faisant de ce site le second en importance d’île de France(après celui du Mont Valérien).
Céremonie ouverte à tous, le lundi 8 février 2010 à 11h précise.

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Allocution de Pierre Rebière :

 » Choisir de se souvenir, c’est aussi, très souvent, choisir d’oublier, c’est opérer un tri dans des évènements qu’avec le temps on juge plus ou moins marquants. Dès lors, il revient aux historiens, et souvent à eux seuls, de réunir, d’accumuler, d’organiser la documentation pour en proposer ensuite des explications ou des hypothèses. L’historien Georges DUBY, médiéviste de renommée mondiale, écrivait, peu avant de s’éteindre, dans son étude intitulée
« An Mil, an 2000, sur les traces de nos peurs » : « A quoi bon écrire l’Histoire, si ce n’est pour aider ses contemporains à garder confiance en son avenir et à aborder mieux armés les difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement ? ».
Tels sont aussi, comme jalons ou comme petits cailloux à suivre, le but et l’utilité de ces stèles, monuments ou, ici, panneaux-mémoires, que les passants de toutes générations intègreront dans leur décor familier avant, à leur tour d’en transmettre l’existence et la signification. C’est de cette manière aussi que se constitue le patrimoine culturel de chacun.
C’est l’extension, par la RATP, de la ligne du tramway T2 jusqu’à la Porte de Versailles, qui fait resurgir, quand on la craignait menacée d’extinction, la mémoire de ces lieux situés quelque peu à l’écart, aux confins de Paris Xvème et d’Issy-les-Moulineaux ; et,avec ces lieux, la mémoire des temps tragiques dont ils ont été le théâtre de Juillet 1942 à Juillet 1944.
De nos jours n’existe plus qu’une plaque, très proche, apposée depuis un demi-siècle sur un mur de l’avenue de la Porte de Sèvres, à quelques mètres de la nouvelle station « Susane Lenglen ». Et, sur cette plaque figurent 144 noms de patriotes, de Résistants, 144 martyrs que, non sans mal, on a pu identifier ; des hommes extraits des prisons allemandes de Fresnes ou de la Santé pour être ici mis à mort : 80 en 1942, 28 en 1943, 36 en 1944. Même très inférieurs à la réalité, ces chiffres suffisent à faire de ce lieu le deuxième d’Ile-de-France en importance, après le sinistre Mont-Valérien de Suresnes, où 1006 fusillés Résistants ont pu être authentifiés à ce jour.
Depuis 1937, un stand de tir existait ici, construit par le gouvernement de Front Populaire, dédié à l’entrainement des sportifs puis des policiers et des gendarmes. Avec la guerre, l’occupation allemande et la politique de « collaboration » de l’ex-maréchal PETAIN, le stand fut transformé en usine de mort par les nouveaux maîtres des lieux, la « GFP » (Geheimfeldpolizei Police secrète militaire). Des Résistants que la police française de René BOUSQUET avait arrêtés et torturés furent ensuite livrés par elle à la Gestapo pour être finalement condamnés à mort par une cour martiale allemande lors de procès préfabriqués. Le dernier acte se déroulait ici…La GFP ne devant de comptes qu’à Berlin directement et chaque arrivant étant classé « NN », tout était permis aux assassins sûrs de l’impunité et de l’absence de témoins…
A la Libération, fin Août 44, ces lieux de mort furent placés sous la garde d’engagés volontaires Parisiens incorporés dans le 117ème Bataillon de l’Armée de l’Air. Nous avons pu recueillir les récits et témoignages de deux d’entre eux, MM. Roger REANT et Maurice GREGOIRE, de ce qu’ils ont trouvé en entrant dans ce stand : des poteaux d’exécution, neufs ou ayant servi (le seul qui reste est au Musée de la Police à Paris Vème) ; des plaques d’amiante accolées à certains murs et incrustées d’innombrables empreintes de mains, comme si les suppliciés avaient dérisoirement cherché à se protéger de lance-flammes ; ils ont trouvé aussi, à proximité des douches, des stocks du même gaz que celui utilisé dans les camps d’extermination nazis, le trop célèbre « Zyklon B ». Ils nous ont rapporté les témoignages de l’époque d’ouvriers travaillant à la centrale thermique mitoyenne et priés, de temps en temps de s’éloigner des gueuloirs de chargement du charbon, afin que les bourreaux y incinèrent,secrètement, des corps. Il en allait de même pour le Mont-Valérien : cela se faisait au Père-Lachaise.
On peut trouver une explication à ces pratiques dans le souci d’entretenir la fiction de la « collaboration » réussie, celle définie à l’entrevue de Montoire en Octobre 1940 entre le vainqueur HITLER et le vaincu consentant PETAIN :avouer trop d’exécutions eût prouvé l’enracinement de la Résistance, n’en annoncer qu’une partie suffirait à terroriser l’opinion ; ni trop, ni trop peu…
La cérémonie d’aujourd’hui coîncide avec le 67ème anniversaire du 8 Février 1943, jour de l’exécution de cinq lycéens du lycée Buffon, dans le Xvème, totalisant 91 ans à eux cinq : ARTHUS, GRELOT, LEGROS, BENOIT, BAUDRY, dans l’ordre de passage, entre 11h05 et 11h22. Sur les deux ans de crimes,on compte 53 jeunes de moins de 25 ans,sur 144 noms gravés.
Autant de foyers non créés, de vies fauchées dès leurs débuts.
Dans son livre « Les FTP »,leur chef d’alors Charles TILLON, écrit : »Les bataillons nécessaires à un affrontement général ne sortent pas du sol sans qu’on ait vu, auparavant, brûler longtemps, çà et là, petites flammes annonciatrices, le sang des audacieux. » Ceux de Balard font partie de ces « audacieux ».
Pouvons nous, nous qui connaissons l’après 42-43-44 , pouvons nous nous représenter cet engagement de toutes celles et tous ceux que, depuis bien longtemps, Maxîme GORKI avaient appelés « les meilleurs », ceux qui -je cite « La mère » -« tombent pour que des milliers d’autres comprennent et se lèvent. »
Pour notre temps et celui à venir, il restera d’eux ce que nous aurons fait, nous et nos continuateurs, pour leur mémoire,non pas pour perpétuer on ne sait quel chauvinisme déplacé qui leur était etranger, mais un profond attachement- jusqu’à en mourir- aux valeurs universelles, éternelles, de la démocratie, de la justice, de la paix. Nombre d’entre eux, ceux de la première heure,et quelle que soit leur nationalité d’alors, avaient déjà combattu la Bête en Espagne de 1936 à 1939 contre FRANCO,ami de longue date de PETAIN, et contre ses complices HITLER, MUSSOLINI, SALAZAR, tandis que la France officielle n’intervenait pas pour soutenir la République espagnole agressée. A partir de Juin 40, ils continuèrent naturellement leur combat,dans les pires conditions matérielles et morales, devenant,par leur expérience dûrement acquise, les instructeurs de plus novices sur le sol occupé. Chacun de ces soldats sans uniformes -pour l’ennemi des « terroristes », « l’armée du crime » – fondait sa morale, son engagement dans les pricipes de 1789 et de l’An II ou dans les libertés fondamentales de la IIIème République. Certains y ajoutaient des références aux Evangiles, celles bafouées par un haut-clergé pétainiste (sauf quelques exceptions) ou par un PIE XII silencieux.
Rappeler, valoriser ici, la mémoire de ces patriotes, c’est, en leur nom, rappeler leurs idéaux libérateurs, aux origines très anciennes et aux enseignements toujours d’actualité, y compris à notre époque de recomposition, à grandes enjambées, de l’Europe et du monde, et souvent tragiquement…
Ce passage de flambeau auquel notre association contribue pour sa part depuis fin 44 en unissant souvenir et mémoire, fait désormais appel à des générations de descendants de ces martyrs ou de tous ceux qu’ils inspireront toujours.
C’est pourquoi je me permets -même à titre posthume- de souligner la part essentielle prise dans cet inlassable travail de mémoire appliqué à ce site de « Balard », par notre grand ami Adam RAYSKI, décédé en 2009, ancien dirigeant des FTP-MOI de la Région parisienne, à qui notre pays doit tant ; lui, l’immigré juif polonais ayant fui les pogroms et gagné la France en 1932, où on l’avait alors accueilli sans barguigner, comme notre pays l’avait souvent fait par le passé pour les persécutés de partout. Adam RAYSKI, avec l’aide du Ministère en 2000 puis celle de la Mairie de Paris en 2006,a pu reconstituer dans ses brochures le stand de tir de « Balard » où se fit « le massacre de Résistants ».
Merci aussi pour leur appui constant, matériel ou moral, à la Ville de Paris (et aux Adjointes au Maire successives, Mmes Odette CHRISTIENNE puis Catherine VIEU-CHARRIER), à la Mairie du XVème, à la Mairie d’ISSY-les-MOULINEAUX et à son Maire M.André SANTINI, ancien ministre.
Merci au Conseil Régional d’Ile-de-France et à nos amis et partenaires de l’ANACR et de la FNDIRP. Avec un merci particulier pour la section RATP de l’ANACR et André SERRES son Président et dévoué porte-parole.
Et je n’oublierai evidemment pas la RATP elle-même, sa direction d’entreprise et nos interlocuteurs MM. Laurent MAZILLE et Olivier COUDERT. Ensemble, nous avons pu concrètiser un projet qui nous tenait à coeur depuis très longtemps : pour tous depuis 1964, lorsque toute trace du Stand de tir eut disparu de la vue ;et, pour quelques-uns particulièrement -certains sont ici -depuis ce jour de 42, 43 ou 44 où la barbarie nazie les priva à tout jamais d’un père…
Le 8 Février 1943 au petit matin, Lucien LEGROS écrivait à ses parents – et son père Etienne fut un des cofondateurs de notre Association : « Nous allons mourir le sourire aux lèvres car c’est pour le plus bel idéal. J’ai le sentiment, à cette heure d’avoir vécu une vie complète. » A 11h15 précises, il tombait, à 18 ans… »

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