La Résistance française a accompagné les troupes américaines après le Débarquement et son action a été reconnue par le général Eisenhower. Des Résistants sont morts en mission pour les troupes alliées à l’exemple de Jean-Michel Hérault et Pierre Miguet.

Jean-Michel Hérault

Grand, bien bâti, un sourire facile sur les lèvres, le regard franc sous de grosses lunettes, toujours plein d’entrain, Jean-Michel Hérault s’est forgé aux scouts et à la JEC de Dreux une âme de chef. Etudiant à 20 ans à l’Institut National Agronomique, il est de retour à Dreux pour diriger un service de la Corporation Paysanne. Il crée un service de renseignements et prend contact le 13 août 1944 avec l’avant garde de la 3e armée américaine du général Patton dans la région de Mortagne. Il traverse sept fois les lignes et apporte des renseignements sur les mouvements et implantations des troupes allemandes dans la région de Dreux. Ces renseignements permettent à l’armée américaine de progresser d’une centaine de kilomètres de Tourouvre à Dreux, libérée le 16 août sans avoir été bombardée. Proposé pour une haute distinction américaine pour ses exploits, il est chargé de conduire à Evreux à travers les lignes allemandes deux officiers du War Office, de transporter de l’argent et du matériel radio. Il demande à Pierre Miguet de l’accompagner. Pierre Miguet, 21 ans, est aussi un homme d’action. Originaire de Douvaine en Haute-Savoie, militant de Témoignage Chrétien, il est étudiant à la faculté de médecine de Lyon. « Pétrus » dans la résistance, il fait passer clandestinement la frontière suisse à des Résistants poursuivis par la Gestapo. Réfractaire au STO il est à son tour recherché et au lieu de passer lui aussi en Suisse il choisit le maquis. Il fait partie à Paris de l’équipe lyonnaise de Témoignage Chrétien et rejoint la résistance active. C’est ainsi qu’il arrive à Dreux.

Pierre Miguet

Le lundi 21 août, Jean-Michel et Pierre quittent Dreux à bicyclette jusqu’à Anet pour terminer leur mission à pied. Ils décident de suivre la vallée de l’Eure pour éviter les concentrations de troupes allemandes du plateau Saint-André. Après avoir traversé Ezy-sur-Eure, ils arrivent vers 14h à Couture-Boussey par la route qui vient d’Ivry-la-Bataille. Un char Tigre embusqué au pied du château d’eau prend en enfilade la route de Saint-André-de-l’Eure. Il est trop tard quand ils l’aperçoivent et que des Allemands jaillissent des maisons en face du château d’eau. «    Pétrus » est sans doute tué sur le coup et Jean-Michel achevé. Leurs corps qui portent plusieurs blessures et des traces de coups de bottes et de crosse sont jetés dans un trou au bord de la route et hâtivement recouverts par les soldats allemands pressés de quitter le village.
Après leur départ, ils sont sortis des trous et inhumés par les habitants de Couture. Ils sont identifiés grâce aux photos prises par l’instituteur. La veille de sa mort, en évoquant cette huitième mission, Jean-Michel avait confié à l’abbé Duval de Dreux «à force de tenter la chance, on y reste un jour ou l’autre». Jean-Michel Hérault et Pierre Miguet ont été confirmés dans leur grade d’aspirant et de sous-lieutenant, décorés de la Croix de guerre avec Palme et faits Chevaliers de la Légion d’honneur.
J.D.