Fusillades de 1943 à Nantes  -2013

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« Il y a 70 ans, des hommes et des femmes résistèrent. Ils, elles aimaient la vie à en mourir. Souvenons-nous, honorons leur mémoire, disait l’invitation ». Du 9 au 17 février 2013, le Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant, de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure a marqué, par de nombreuses cérémonies, le 70ème anniversaire des Procès des « 42 » et des « 16 ».
J’ai tenu à être présente à la manifestation qui honorait Claude Millot, père de notre amie Claudine Coiffard-Millot : il a été fusillé au champ de tir du Bêle, le 13 février 1943 à l’âge de 31 ans. Claude Millot fut contrôleur des Contributions indirectes à Nantes, puis contrôleur principal. Une salle du Centre des impôts de la ville porte désormais son nom. Un vibrant hommage lui fut rendu et une plaque rappelle sa vie et son activité. On peut y lire : « Parallèlement à son activité professionnelle, il s’engage dans le militantisme syndical et politique. A partir d’août 1940, il participe à la récupération de matériel militaire qui servira la résistance armée, il confectionne des faux papiers pour les clandestins… ce qu’il devient lui-même, fin 1941, comme responsable aux renseignements de l’OS (Organisation spéciale). Il est arrêté par deux inspecteurs de la police d’Etat de Nantes, le 31 août 1942. Durant 3 semaines, il est torturé puis emprisonné à la prison La Fayette. Le Tribunal militaire allemand le condamne à mort, le 28 janvier 1943, ainsi que 36 autres Résistants (Procès des 42) ». La rue passant devant le monument du champ de tir du Bêle porte les noms de Claude et Simone Millot, parents de Claudine.
Après l’inauguration d’une rue Louis et Louise Le Paih, Résistants nantais, hommage fut rendu aux fusillés du champ de tir. Monsieur Patrick Rimbert, maire de Nantes, déclara : « …ces évènements tragiques donnent sens à notre rassemblement d’aujourd’hui. Très rapidement après la défaite, la résistance s’est organisée à Nantes. Peu de villes ont connu une activité aussi intense contre l’occupant : sabotages, attentats, constitutions de réseaux de renseignements, fabrication de faux papiers, distributions de tracts…C’est naturellement un motif de fierté pour nous. La nation nous a d’ailleurs exprimé sa reconnaissance en faisant de Nantes l’une des 5 communes françaises à qui fut attribué le titre de Compagnon de la Libération. Mais, que de souffrances pour cela parmi la population, que d’actes d’abnégation, de courage et même d’héroïsme ! »
Joël Busson, président du Comité du souvenir, prit également la parole : « … Ici même, plongés dans la semi obscurité de ce sinistre champ de tir du Bêle, plus de 80 Résistants sont tombés sous les balles nazies. Souvent jeunes, avec une moyenne d’âge de 30 ans, très jeune comme André Rouault, aîné de Guy Môquet d’un mois à peine !… Cette cérémonie, avec l’appel aux morts des 82 noms, marque notre volonté de n’oublier aucun d’entre eux… Quelle leçon pour aujourd’hui, cet espoir qui ne les a jamais abandonné ! Jusqu’à l’aube de leur exécution, ils ont eu la certitude de la Victoire, si fortement exprimée dans leur lettre d’adieu… Rendre hommage aux combattants de la liberté n’a rien de passéiste… »
A Rezé, des enfants surent nous émouvoir. Au carré des 5 Républicains espagnols du cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, en présence de leurs familles, hommage fut rendu au sacrifice de ces combattants, morts pour la France et l’Espagne.
Ces riches journées, bien organisées, nous incitent à demeurer fidèles aux engagements pris par les Résistants, nos parents.
Michèle Gautier


Nantes -2012

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Notre dernier bulletin « Châteaubriant » était sous presse lorsque nous avons reçu le compte-rendu suivant. Ecrit à la première personne, il nous rappelle qu’en Loire-Atlantique, comme partout, les souvenirs liés à la Résistance sont entretenus avec ferveur.
Vendredi 21 octobre 2011, ont eu lieu à Nantes les cérémonies du 70ème anniversaire de l’exécution des 50 Otages fusillés par les nazis, le 22 octobre 1941. A cette occasion, une rue reçut les noms de Claude et Simone Millot, nos parents ; avec mes sœurs, nous avons dévoilé la plaque élevée non loin du Terrain du Bêle. Cela nous a vivement émues.
Après les allocutions de M. Ayrault, maire de Nantes, et de Joël Busson, président du « Comité du souvenir des 42 », j’ai remercié les responsables de cette inauguration. Il y aura dans la ville quatre autres rues (1) portant les noms de couples de Résistants dont l’un des conjoints a été fusillé à la suite du « Procès des 42 ». Voici le texte que j’ai lu au nom de mes sœurs, de moi-même, de nos enfants et petits-enfants :
« Nous sommes bouleversés, fiers aussi de voir donner à une rue de Nantes le nom de nos parents, Résistants de la première heure – dès 1940. Cette rue mène au Terrain du Bêle où notre père a été fusillé, le 13 février 1943. Au-delà de nos parents, je pense à tous leurs camarades du « Procès des 42 », en particulier aux cinq Républicains espagnols qui, après avoir lutté contre le fascisme en Espagne puis à Nantes, ont été exécutés ici même. Je n’oublie pas que s’ils ont été jugés, condamnés et abattus par des juges et soldats allemands, ils avaient été arrêtés et torturés par la police française de Pétain.
« Merci à toi Joël, merci à toi Carlos, merci aux membres du « Souvenir des 42 », merci à la Municipalité de Nantes, et merci personnellement à M. Ayrault de rendre ainsi hommage à tous ceux qui ont résisté activement, nous permettant d’être ici aujourd’hui, LIBRES. »
La cérémonie s’est achevée par une veillée à laquelle ont participé des élèves de l’école publique de Port-Boyer. Le lendemain, un dépôt de gerbes eut lieu au Carré des Fusillés du cimetière de la Chauvinière.
Claudine Coiffard-Millot

(1) La décision du conseil municipal, prise le11 juillet 2011, concerne les trois couples suivants : Louise et Louis Le Payh, Marie et Auguste Chauvin, Marie et Marcel Michel. Est également envisagée une rue Gomez Ollero.

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