Les textes et directives allemandes concernant les otages sont nombreux. L’ordonnance du 5 décembre 1941 signée Otto Von Stüpnagel, commandant en chef des troupes allemandes en France, publiée le 14 décembre, organise la répression après les attentats de novembre et début décembre 1941.

LES DÉPORTATIONS
Dès le 5 décembre, Otto Von Stüpnagel a fixé à 1 000 juifs et 500 jeunes communistes le nombre de déportés. Les juifs seront déportés dans le premier convoi du 27 mars 1942 et les communistes dans le convoi des « 45 000 » du 6 juillet 1942.
Le convoi n°1 du 27 mars 1941 se compose de 1 112 déportés. Il est parti du Bourget avec des juifs du camp de Drancy et s’est arrêté à Compiègne où sont montés les détenus juifs du camp de Royallieu. La majorité vient de la région parisienne où ils ont été arrêtés au cours des rafles ou individuellement. Deux rafles sont concernées : la rafle des juifs « étrangers » des arrondissements de l’est de Paris ( 1er, 3e, 4e, 11e, 12e, 18e, 19e, 20e…) d’août et la rafle des « notables » du 12 décembre. Les 4 232 arrêtés dont 1 500 Français d’août sont détenus à Drancy qui vient d’ouvrir. La rafle des 743 « notables » est faite conjointement par la police de Vichy et l’armée allemande. Elle concerne des juifs français privilégiés chefs d’entreprise, avocats, écrivains, magistrats… Ceux que Pétain veut exclure des représailles et de la déportation raciale. Ils sont transférés le 13 décembre à Royallieu, faubourg de Compiègne au « Fronstalag 122 » administré par l’armée allemande. Ils sont rejoints par 300 internés de Drancy. Leur camp, le camp des juifs, est l’un des 4 camps de Royallieu. C’est celui où les conditions de vie sont les plus dures. Ils souffrent, comme dans les camps de concentration d’Allemagne, de la faim et du froid. Les « notables » sont aussi dérangés par la promiscuité avec les 300 juifs «étrangers ». Ils ne reçoivent ni visites, ni correspondance, ni colis. Leur seule aide solidaire vient des Russes du camp B et des communistes du camp A. Promis à une déportation rapide, ils doivent attendre, par manque de moyens de transport, jusqu’au 27 mars 1942. 550 notables font partie du convoi n°1 avec les 300 juifs étrangers venus de Drancy. La différence avec les 743 raflés du 12 décembre tient au caractère « répressif » de cette déportation. Les malades, les trop jeunes et trop vieux ont été retirés. Quelques uns considérés comme indispensables pour l’économie ont été libérés. Arrivés à Auschwitz le 30 mars, ils sont tous destinés aux travaux forcés et tatoués des numéros 27553 à 28644. La « solution finale » par le gazage à Birkenau, bien que décidée fin 1941, ne sera mise en place qu’en juillet 1942. Ce premier convoi composé de 1 112 déportés juifs compte 19 survivants en 1945. À noter aussi que les Allemands considèrent que les militaires en activité ne sont pas « déportables ». Il fait une liste des otages concernés et la transmet au gouvernement de Vichy qui les démobilise.
Le convoi des « 45000 » du 6 juillet 1942 est aussi un convoi de répression. Il se compose d’un millier de communistes, de 15 otages « associaux » et de 50 juifs. Tous ceux qualifiés « communistes » ne sont pas adhérents du PC. Quelques uns sont adhérents d’autres partis de gauche (SFIO…) ou responsables syndicaux à la CGT. 1 170 sont immatriculés à Auschwitz et 110 ont survécu.

LES FUSILLADES ET L’AMENDE
Le 15 décembre, les Allemands fusillent 95 otages, pratiquement tous communistes, dont une soixantaine de juifs extraits de Drancy et fusillés au Mont Valérien avec une dizaine de Français. Les autres sont fusillés à Caen, Fontevraud, Châteaubriant.
Le paiement de l’amende d’un milliard pour les juifs de la zone occupée fait l’objet d’une cinquième ordonnance datée du 17 décembre. Elle doit être payée par l’ Union Générale des Israélites de France (UGIF) créée par une loi du régime de Vichy à la demande des Allemands pour représenter les juifs. Cette union a reçu les fonds des associations juives dissoutes. Les Allemands imposent le paiement par tous les juifs dont les dépôts dépassent 10 000 francs. Compte-tenu de la création récente de l’UGIF pas encore opérationnelle et des délais serrés, c’est le gouvernement de Vichy par le Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ) qui prélève du numéraire et vend des titres sur les comptes concernés.
Les objectifs fixés par Otto Von Stüpnagel le 5 décembre sont atteints par la Wehrmacht avec la participation active du gouvernement de Vichy qui a participé aux rafles, aux arrestations et internements avec ou sans jugement. Il a aussi démobilisé et laissé partir de nombreux juifs de nationalité française, malgré sa doctrine affichée de les protéger…