Deux idées reçues concernent les guillotinés de la Résistance française. D’abord leur faible nombre, ensuite leur décapitation à la hache. Bien qu’encore faible, leur nombre, autour d’une cinquantaine, répertorié dans le Dictionnaire des fusillés en surprend beaucoup. Les listes des guillotinées en Allemagne et des guillotinés en France sont sans doute complètes alors que celle des guillotinés en Allemagne devrait augmenter. Quant à la hache, c’est inexact, l’État de Vichy et les Allemands utilisaient des guillotines.

Femmes guillotinées en Allemagne

Les femmes condamnées à mort en France ne sont pas exécutées, Elles sont transférées dans les prisons allemandes. Neuf ont été guillotinées (Olga Bancic, France Bloch, Marie-Louise Birgy, Suzanne Cointe, Renée Levy, Suzanne Masson, Emilienne Mopty, Simone Schloss, Gertrud Weisler). Sept sont communistes et Renée Lévy du réseau Hector. La dernière, Suzanne Cointe, fait partie de l’Orchestre Rouge, réseau de renseignement soviétique.

Guillotinés en France

Les 19 résistants guillotinés dans les prisons françaises de la Santé (Paris), Saint Michel (Toulouse), Cuincy (Douai), Saint Paul (Lyon) sont tous communistes (Emile Bastard, Emile Bertrand, André Brechet, Louis Caron, Jean Catelas, Roger Crépinge, André Dalmas, Vincent Faïta, Simon Frid, Isidore Grinberg, Adolphe Guyot, Valentin Hudziak, Bronislav Kania, Marcel Langer, Edgard Lefébure, Henri Meunier, Jean Robert, Abraham Trzebrucki, Jacques Woog). Ils ont été condamnés par les sections spéciales de Paris, Douai, Lyon, Nîmes, Toulouse ou par le tribunal d’État de Paris. Les sections spéciales ont condamné 45 résistants à la peine de mort dont de nombreuses par contumace. Six d’entre eux ont été condamnés par le tribunal d’État de Paris, qui a remplacé en août 1941 la section spéciale qui avait décidé de ne plus prononcer de peines capitales. Six ont été exécutés. Les exécutions ont lieu d’août 1941 à décembre 1943. Les six premiers exécutés en août et septembre 1941 sont des otages en représailles de l’attentat d’août 1941 au métro Barbès. En 1942 et 1943, ce sont des résistants communistes OS et FTP souvent inculpés à la suite d’attaque des forces de police. Le plus connu d’entre eux est Jean Catelas, député communiste condamné par le tribunal d’État de Paris et guillotiné en septembre 1941. La part des réfugiés juifs d’Europe centrale combattants de la MOI reste importante. Ces éxécutions entrainent des réactions de la Résistance. Le chef de la BS de Nîmes, les procureurs de Lyon et Toulouse sont exécutés. Ces guillotinés en France sont la plus grande preuve de la politique de collaboration du régime de Vichy. De leur arrestation à leur jugement puis leur éxécution, ils n’ont jamais vu d’Allemands.

Guillotinés en Allemagne

Dans le Dictionnaire des Fusillés, il y a 22 biographies signalées de guillotinés en Allemagne. Cette liste est incomplète car, par exemple, Jean Leger, du réseau Uranus-Espoir français de Metz, a été guillotiné le 21 août 1942 et dans les documents concernant ce réseau il est mentionné trois autres guillotinés (Paul Simmiger, Roger Mannheim et le docteur Bricka). De même, dans la liste des déportés de Meurthe-et-Moselle, un des guillotinés figure comme mort en déportation et d’autres sont omis comme Claude Schmerber qui a refusé d’être incorporé dans la Wermacht.
23 guillotinés en Allemagne dans cinq villes différentes (Alfred Benedick, René Birr, Eugène Boeglin, Roger Derry, Marc Dufour, Raymond Gentes, Lucien Jacob, René Kern, Alphonse Kuntz, Jean Leger, Charles Lieby, Henri Joseph Mierling, Henri Charles Mierling, Joseph Louis Metzer, Adolphe Murbach, Yves Raymond Ponchel, Alfred Quiri, Claude Schmerber, Edouard Schwartz, Auguste Sontag, Marcel Stoessel, Louis Toussaint, Emile Wendling). Quatre sur cinq vivent en Alsace, territoire annexé sous législation allemande. Ils se composent de trois groupes différents : huit de la Résistance communiste souvent, des groupes FTP de Wodli, quatre bateliers du Rhin membres d’un réseau de renseignement anglais, quatre objecteurs de conscience refusant l’incorporation dans la Wermacht. Le dernier reconnu résistant est guillotiné pour trafic de cartes d’alimentation. Ceux qui restent sont des déportés en Allemagne des réseaux gaullistes. Trois appartiennent au réseau Saint Jacques (réseau du commandant Verines), un du réseau Uranus-Espoir français et le dernier du Réseau Renard. Pratiquement tous sont guillotinés en 1943.

Tous ont eu un parcours singulier dont les principales caractéristiques figurent dans les tableaux de notre site informatique (familles-de-fusilles.com) et les détails dans le Dictionnaire des Fusillés (maitron-fusillés). Quelques photos disponibles choisies parmi les moins connus illustrent ces différents groupes. Les guillotinés, mis à part les femmes, font partie des « oubliés » de la guerre, sans doute parce qu’une part non négligeable d’entre eux a été exécuté en Allemagne, mais surtout parce que pour ceux qui ont été guillotinés en France c’est l’un des exemples le plus abouti de la politique de collaboration de l’Etat français.