Villejuif, 15 décembre 2012
Beaucoup de monde et de drapeaux à notre commémoration : de nombreux adhérents et personnalités dont Pascal Blanchetier, maire-adjoint aux Anciens Combattants de Caen. L’allocution du représentant des familles reprit le thème retenu pour le Concours national de la Résistance : « communiquer pour résister ». Il nous en transmet les extraits suivants :
Pendant la guerre, suite aux fusillades, la direction clandestine du parti communiste et ses militants s’efforcent de protéger les enfants et les veuves de Fusillés. Un certain nombre de dernières lettres sont rassemblées afin d’être diffusées, accompagnées d’informations relatives à la répression et aux exécutions. A partir de ces documents, Aragon, alors en zone sud, rédige en février 1942 un texte dont la signature première deviendra le titre : « Le Témoin des martyrs ». Il y est surtout question des fusillades d’octobre 1941 à Châteaubriant.
Par la suite, Aragon élargit le sujet à l’ensemble des lieux de fusillades dont il a eu connaissance, sans oublier les guillotinés condamnés à mort par les Sections Spéciales. Pour les fusillades du 15 décembre, il utilise des extraits de lettres de Henri Darracq et conclut avec les phrases finales de la lettre de Gabriel Péri faisant référence à Paul Vaillant-Couturier et disant que le communisme est la jeunesse du monde et prépare des lendemains qui chantent.
Ces pages bouleversantes sont imprimées en tracts et répandues clandestinement dans toute la France, dès 1943, par le mouvement Libération. Elles sont lues à radio-Londres, radio-Moscou… et publiées par la presse alliée.
Après la guerre, un grand nombre de lettres de Fusillés sont éditées pour pérenniser la mémoires des martyrs. Sont aujourd’hui accessibles : le recueil « La Vie à en mourir – Lettres de Fusillés (1941-1944) aux Editions Tallandier (Points) et « Correspondance d’un otage », lettres échangées entre Joseph Albert di Fusco et sa femme.
Autre exemple : Jean Paul Dartois a retrouvé dans les papiers de son père deux copies de lettres d’adieux, écrites par Jean Langouet, fusillé à Caen le 15 décembre 1941. Obsédé par ces textes, il n’a eu de cesse de retrouver la famille de leur auteur. Dans l’annuaire, il a trouvé 220 Langouet ; il a fouillé des archives en Ile-de-France, Bretagne, Normandie, sans succès. Le journal Ouest-France a publié un article et laissé ses coordonnées. Les Familles de Fusillés ont pris contact avec lui, un généalogiste aussi. C‘est ainsi que le petit-fils de François Langouet a été retrouvé dans le sud-est de la France.
Autre cas, dû au hasard : Catherine Bray a extirpé d’une déchetterie les dernières lettres de 4 Fusillés du Mont-Valérien, abattus le 5 avril 1944 ; un film de David Unger retrace cette histoire : « Les 4 Fusillés du Kremlin-Bicêtre ».
Ces exemples me sont l’occasion de rappeler que nous recherchons les familles de Fusillés, en particulier à Villejuif car, si la famille de Robert Moussu nous est connue, nous n‘avons pas trace de celles de Charles Louis Dehan, Léon Hérisson-Garin, René Léon Thibert.
Nos prochaines commémorations auront lieu dans le 15è arrondissement de Paris, samedi 14 décembre 2013.
Jean Darracq