BUTTE DE BIARD – 2013
Vendredi 4 octobre 2013
Le nouvel emplacement du monument des Fusillés de Biard, non loin de Poitiers, a été officiellement inauguré en présence des autorités civiles et militaires entourées de nombreux élus, de représentants d’associations, d’une cinquantaine de porte-drapeau, de 106 enfants des écoles de Biard et de près de 250 personnes ; nul n’avait craint l’heure matinale, les encombrements d’un site en chantier et les difficultés passagères de stationnement.
Notre association avait été sollicitée, son drapeau fut mis à l’honneur et le compte-rendu suivant résume l’intervention de notre porte-parole.L’armée nazie et ses complices de Vichy ont fait de l’espace militaire où nous sommes un lieu de massacres. « Ici, 128 hommes sont passés par les armes des pelotons d’exécution allemands, du 7 mars 1942 au 4 juillet 1944 ». Le livret, juste élaboré par l’Office national des anciens Combattants et Victimes de guerre de la Vienne et le Centre régional « Résistance et Liberté » de Thouars, rappelle ces faits et signale d’autres fusillades en Poitou-Charentes : forêt de La Braconne et stand de tir des Trois-Chênes, près d’Angoulême ; redoute de Chef-de-Baie, à La Rochelle ; clairière de Chizon-SaintePézenne, près de Niort… Comme souvent en pareils lieux, des fleurs furtives furent déposées sitôt les drames. Le 8 mai 1949, jour anniversaire de la reddition sans condition des armées nazies, une foule imposante assiste à l’inauguration du Monument de Biard avec sa dalle de bronze portant 26 dates et les noms des Fusillés. 79 avaient de 18 à 25 ans…le plus âgé, 52 !
La création en cours d’une ligne TGV a déplacé le monument. Un accord très majoritairement soutenu a fixé l’inauguration officielle du nouveau site « un jour anniversaire de fusillade ». Le 4 octobre fut retenu; ce jour-là, en 1943, tombèrent pour notre Liberté trois Francs-Tireurs et Partisans Français : Robert DAUGAS (31 ans) ajusteur SNCF, domicilié à Saintes, auteur de missions en Belgique et aux Pays-Bas, Firmin SAPIN (43 ans) cultivateur, membre du Front national de Lutte pour la Liberté et l’Indépendance de la France, responsable FTP (région de Loudun), domicilié à Saint-Clair, en Vienne, Guy THOMAS (32 ans) tourneur à l’usine Rocher de Cenon, domicilié à Châtellerault…
Près du monument, désormais, un pupitre d’information retrace l’histoire de celles et ceux qui s’engagèrent dans la défense des valeurs républicaines proposées à la France par le Programme du Conseil national de la Résistance, le CNR, qu’impulsa le préfet Jean Moulin, représentant du général de Gaulle et de la France Libre.
Véritable pacte social, le « Programme du CNR » adopté le 5 mars 1944 revendique l’établissement de la démocratie la plus large, le suffrage universel, la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression, la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères… On y proclame le droit au travail et au repos, la garantie d’un niveau de salaire et de vie décent pour tous les travailleurs… y compris ceux de la terre, … et la nécessité d’un plan complet de sécurité sociale … et le besoin d’une retraite pour tous… Cela dit clairement l’idéal pour lequel sont morts les « 128 de Biard ».
Ce 4 octobre 2013, avec leur sensibilité d’enfants, les écoliers de Biard ont lu des extraits de dernières lettres de Fusillés portant les marques du langage et des préoccupations d’une époque douloureuse dont le souvenir nous habite constamment.
Jacques Carcedo