Qui connaît Lucien Dupont, à part ses proches et ceux qui l’ont côtoyé ? Cela ne fait pas grand monde. Or, Lucien Dupont c’est une vie de combats au service des autres, jusqu’au sacrifice de sa vie le 26 février 1943 au Mont-Valérien.
Nous allons essayer de retracer son parcours afin de mieux vous le faire connaître. Né en Corrèze dans une famille pauvre, il est élevé par ses grands-parents. Il est très sportif et réussit ses études mais il tombe malade le jour où il doit passer l’examen d’entrée à l’École normale. Il retourne chez ses grands-parents, à l’été 1939, pour reprendre des forces. Déjà, il distribue des tracts édités par le Parti communiste clandestin. Le 17 septembre, il est arrêté. Libéré, il intègre l’Ècole normale d’instituteurs à Dijon. Ses camarades apprécient ses qualités d’analyse et de synthèse. Après la défaite de juin 1940, il se fait embaucher dans les vignes pour vivre mais ne cesse pas son travail de propagande antiallemande et anti Vichy. Il rentre dans l’Organisation spéciale (OS) créée par le Parti communiste. L’invasion de l’URSS par les troupes nazies le conduit à intensifier son action et à envisager le combat armé. Il organise le ramassage d’armes et c’est tout naturellement que, dès leur création, il rejoint les FTP. En décembre 1941 à Dijon, il prépare et mène à bien des attentats contre les troupes d’occupation. Il doit partir en Saône-et-Loire et devient responsable interrégional des FTP, en 1942. Il n’a alors que 21 ans. Ses parents sont arrêtés afin de faire pression sur lui mais il n’en sut rien. Activement recherché par la police de Vichy, il doit encore changer de lieu de résistance et on le retrouve dans la Marne. C’est là qu’il rencontre celle qui deviendra sa compagne. Résistante communiste, elle était son agent de liaison. La traque de la police les oblige à partir à Bordeaux où elle sera arrêtée le 8 juillet 1942. Il gagne alors la région parisienne mais, à la suite d’une opération contre l’armée allemande, il est arrêté le 15 octobre 1942. Jugé par un tribunal allemand, il est exécuté le 26 février 1943.
Ses états de service dans la résistance ont permis qu’il soit homologué comme combattant avec le grade de lieutenant. Il a été nommé Chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur, le 20 Août 1946. Sa compagne accoucha au fort de Romainville et fut ensuite déportée à Ravensbrück. Sa fille échappa à la déportation et fut remise à ses grands-parents.
Comme on peut le voir, Lucien Dupont eut une vie brève mais bien remplie. Son combat, celui de tous ses compagnons de résistance, fait que nous vivons aujourd’hui dans un pays démocratique. Les éléments de cette biographie proviennent d’une brochure écrite par sa fille, Christiane Dupont-Lauthelier (*).
Georges Duffau-Epstein