Samedi 30 mai – Nous sommes sur l’esplanade « Abbé Stock », face au Mémorial de la France combattante où va débuter comme chaque année la cérémonie d’hommage aux Fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile-de-France. Un spectacle s’achève et le public applaudit les artistes, Sophie de La Rochefoucauld, Viviane Théophilidès, Anna Kupfer et les jeunes, filles et garçons, du Lycée d’Aubervilliers qui, par des poèmes et des chants, viennent de témoigner « du retour des déportés et de la victoire sur le nazisme ».
15 heures – Un cortège s’est constitué avec, à sa tête, une quarantaine de drapeaux groupés derrière ceux de l’Association pour le Souvenir des Fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile-de-France et de notre propre association dont le porte-drapeau cette année est la tourangelle Claudette Sornin. De nombreuses personnalités honorent de leur présence l’hommage rendu aux fusillés : le préfet des Hauts-de-Seine, deux ambassadeurs, le grand chancelier de l’Ordre de la Libération, des élus territoriaux (conseil régional, conseils départementaux, communes), des personnalités politiques ou syndicales. Suit la foule des familles et amis des martyrs abattus au fort du Mont-Valérien pendant la 2ème guerre mondiale : résistants français ou étrangers arrêtés partout en France puis regroupés dans des prisons parisiennes « réserves d’otages » (Cherche-Midi, Santé, Fort de Romainville)…
La cérémonie commence par un dépôt de gerbes autour de la flamme qui brûle devant les portes de la crypte du mémorial. Représentants des autorités civiles et militaires se succèdent par petits groupes et fleurissent l’espace. Puis, les familles des fusillés rejoignent les personnalités pour honorer la mémoire des morts sur les lieux mêmes des fusillades. On entre dans le fort, on traverse la crypte aux 16 cénotaphes et, lentement, chacun gravit les nombreuses marches menant au site. Un tunnel sombre débouche sur une clairière encaissée dans un petit bois où les martyrs furent passés par les armes. A gauche, un mur de casemate. Au centre, une grande dalle rappelant le sacrifice des héros. Au fond, un sentier dégringole vers les lieux du supplice. L’endroit est étouffant et solennel.
Les honneurs sont rendus. L’émotion est sensible à la lecture de deux dernières lettres de fusillés que ponctuent les interventions de la Chorale populaire de Paris : « La Complainte du Partisan », « Le Chant des Partisans » et « La Marseillaise ». Le silence retombe sur la clairière. C’est fini ! La foule se disperse lentement ; certains reprennent l’escalier vers les lumières de la vie d’aujourd’hui ; d’autres prolongent leur pèlerinage, remontant le sentier vers la chapelle où certains fusillés ont passé leurs derniers instants avant d’être conduits au poteau. En face, « la Cloche », le monument dédié en 2003 « aux résistants et aux otages fusillés au Mont-Valérien par les troupes nazies (1940-1944) et à tous ceux qui n’ont pas été identifiés ». A côté, une exposition permanente, « Résistance et répression 1940-1944 », retrace le parcours des fusillés, depuis leur arrestation jusqu’à leur mise à mort.
Hélène Biéret